Mon verset préféré

Une certaine force

01 mars 2024

« Veillez, soyez fidèles dans la foi, soyez des hommes et soyez forts ! » (1 Corinthiens 16.13)

« J’ai choisi ce passage dans la première Lettre aux Corinthiens pour toi », m’avait dit mon pasteur après l’examen de catéchisme.

« Fidélité dans la foi », oui, mais je n’ai pas confiance en moi-même ! Être un homme, et évidemment fort ? Dans mon seul combat de lutte, à l’âge de cinq ans, j’avais perdu lamentablement.

J’ai décidé de m’intéresser aux filles : après l’école, il y avait les cours de danse traditionnelle, ce noble jeu des jambes et bras. Sur le chemin du retour, on échangeait les premiers bisous timides.

 

Moi, l'« homme »...

Après le baccalauréat, je suis parti très loin, tout seul à Berlin, pour les études. Mon apparence

douce aidant, j’ai pu faire la connaissance de quelques charmantes étudiantes et devenir enfin

« homme ». Mais cela ne m’a pas empêché de me marier tôt avec une jeune étudiante protestante. La vie quotidienne du mariage me montrait les hauts et les bas de l’amour, qui a fini par un désastre. Moi, l’« homme », j’avais tout perdu : maison, relation, habitudes.

Puis tombant amoureux d’une jeune Française du Midi - sincère et pleine de vitalité - nous devenons un couple, des parents. Je l’ai épousée sans bénédiction de l’Église, car elle ne la supportait plus.

 

Partir de la fragilité

J’ai été professeur toute ma vie. Les chants religieux et mélodieux de l’église protestante située en face de chez moi m’ont motivé à chanter et à redevenir membre d’une paroisse.

Après mon « émigration » en France, auprès de ma femme et ma fille, j’ai appris que je ne souffrais pas de dépression, mais de troubles bipolaires.

Alors, j’écoute mon corps et mon esprit dans mes activités : les échecs, l’écriture, l’engagement dans une association solidaire et la marche nordique. Arrivant en haut d’un sentier en montagne, j’éprouve un sentiment de grandeur : il y a le tout près et le lointain en même temps. Chaque pas ouvre le regard sur une nouvelle perspective.

 

Force ou courage ?

À quelle compréhension de la force suis-je finalement arrivé ? Citons un autre verset, bien connu : « Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre. » (Matthieu 5.39) Dans cette recommandation à ses disciples, Jésus semble demander la soumission : ne réagissez pas sur le même plan à un acte agressif et violent, restez pacifique et non-verbal.

En présentant l’autre joue à l’agresseur, la personne agressée reste sans défense, mais elle fait preuve d'un courage et d'une force intérieure qui la mettent sur le même niveau que l’agresseur. Ainsi, ce dernier est invité à réfléchir sur son acte et ses motifs... ou à y renoncer.

Wilfried Kauder
Aix-en-Provence (13)

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