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Au fil de la Bible

Marc 8.14-21 - Tu as pensé au pain ?

26 juin 2024

Après s’être disputé avec les pharisiens et avoir refusé de leur donner un signe, Jésus entraîne à sa suite ses disciples dans une barque. La tempête qu’ils vont affronter durant cette traversée n’est pas cette fois matérielle, mais spirituelle.

Un pain suffit à signifier la surabondance de la grâce © Mike Kenneally/Unsplash

Un pain suffit à signifier la surabondance de la grâce
© Mike Kenneally/Unsplash

 

Et les disciples n’ont pas pris assez de pain : ils n’en ont apporté qu’un seul, les malheureux. Ils ont négligé une partie de leur responsabilité, alors, forcément, ils culpabilisent. Comme je les comprends… mais qu’ils ont tort ! Tort d’avoir oublié le pain, certes, mais surtout tort de culpabiliser. On entend parfois dire que le « judéochristianisme » a inventé le sentiment de culpabilité : c’est à la fois un lieu commun et une ânerie (ça va souvent de pair). Que les Églises, en tant qu’institution de pouvoir, l’aient utilisé pour contrôler les consciences, c’est une évidence, qu’il serait malhonnête de nier. S’il arrive qu’elles le fassent encore, d’autres ont pris le relais : associations, partis politiques… Ils le font parfois avec des objectifs louables ; mais refusons de nous laisser embarquer dans de telles entreprises. Agissons par devoir, agissons par conviction, agissons par sens de la justice… agissons par amour ! N’agissons jamais par culpabilité.

 

Culpabilisation

Que d’autres aient pris le relais sur le marché juteux de la culpabilisation n’excuse en rien les errements des Églises, car leur mission était et est toujours d’annoncer l’Évangile, et l’Évangile c’est le contraire de la culpabilisation, c’est l’anti-culpabilisation. C’est exactement ce qui redouble la colère de Jésus. Il est au début de la scène très remonté contre les pharisiens et il dit à ses disciples de se garder de leur « levain ». Le levain dans la Bible, c’est la plupart du temps quelque chose de négatif, d’impur, quelque chose qui va corrompre, souiller la pâte. Pour les rabbins, ce sont les mauvaises inclinations des humains. Parce qu’il est un sentiment de culpabilité plus nocif, plus pernicieux encore, c’est celui qu’on s’inflige à soi-même ! Les disciples sont en plein dedans ; ils ont oublié le pain et, noyés dans leur culpabilité, ils interprètent tout sous cet angle-là.

 

Se libérer des fautes

Le mot « levain » prononcé par Jésus ne peut être qu’un reproche indirect à leur faute, ils n’écoutent pas ce qui leur est dit, ils ramènent tout à leur obsession, ils sont persuadés que tout le monde – et Jésus en premier – est tout autant qu’eux focalisé sur leur manquement. Et ça, nous l’avons tous vécu ; même les compliments sont interprétés en reproches : tout n’est envisagé que sous le prisme de cette faute, dont on a l’impression que chacun nous la renvoie à la figure, de manière dissimulée, fourbe. Le sentiment de culpabilité obscurcit nos relations aux autres et à Dieu, et même à nous-mêmes. Lorsque Jésus évoque devant eux les deux « multiplications des pains », il tente de leur faire comprendre qu’il se fiche et contrefiche du nombre de pains emporté et met le doigt sur le fait que les disciples sont très exactement en train de faire ce contre quoi il les mettait en garde : hyperscrupulosité liée à une insécurité, un sentiment d’illégitimité et d’autojustification. Et par conséquent d’accusation d’autrui, puisque la meilleure défense, croit-on à tort, c’est l’attaque. Or, et c’est la Bonne Nouvelle en Jésus-Christ, Dieu n’est pas focalisé sur nos fautes, il n’est pas obsédé par nos péchés et, figurez-vous, vos frères et sœurs non plus.

 

Question de pardon

La célèbre introspection protestante nous pousse, voire nous oblige, à nous poser les questions suivantes : Ai-je commis des erreurs ? Assurément ! Des fautes ? Probablement ! Est-ce grave ? Ce n’est pas à nous de répondre à cette question. Pour nos erreurs, nous nous efforcerons de ne plus les reproduire, nos fautes nous en demandons pardon et nous comptons sur le pardon de Dieu et l’indulgence de nos sœurs et frères.

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Lecture du jour : https://www.painquotidien.net

Vincent Christeler
Pasteur à Annecy

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