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Mon verset préféré

Mornifles, pognes et bénédictions

04 novembre 2023

« Mais moi je vous dis de ne pas vous opposer au mauvais. Si quelqu’un frappe sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre. » (Matthieu 5.39)

Lire aussi le récit de la multiplication des pains et des poissons en Jean 6.1-16

Le verset que je préfère sont deux. Je les ai découverts au soir d’une défaite, un match que l’on ne voulait pas jouer. Dans le silence, nous attendions la colère de notre coach comme l’enfant sa punition.

Mais quelle ne fut pas notre surprise de voir débarquer dans notre vestiaire le maire, le curé et le pasteur. Faut dire que nous vivions dans une commune où la mairie tantôt bleu tantôt rouge attirait les convoitises des deux camps. Puis il y avait l’église avec son curé, son clocher, son cimetière et de l’autre côté son temple avec son pasteur, son clocher, son cimetière. La ville était coupée en deux.

La parole de Dieu permet de s’unir au-delà de nos différences (© Domaine public)

 

Au soir de la défaite

Un seul lieu réunissait tout le monde : le stade de rugby. Il jouait presque un rôle œcuménique.

Donc, après notre défaite, le coach prend la parole. Mais au lieu de la colère, c'est une voix tranquille mais ferme qui résonna entre les murs : « quand on vous colle une mornifle sur la joue gauche, vous tendez la joue droite (d’après Matthieu 5.39). Ce n’est pas moi qui vais vous reprocher de respecter les saintes écritures. » Faut dire que son épouse était protestante et lui catholique. « Mais quand on vous colle une pogne qui vous envoie sur les fesses, vous vous relevez et vous en collez trois ou quatre. Et la multiplication des pognes, ça aussi c’est dans la Bible (d’après Jean 6.1-16). » Le message de notre entraineur reçut l’aval des pouvoirs politique et religieux, présents dans les vestiaires.

 

Un peu pour la blague

Jusqu’à la fin de la saison de rugby, le pasteur et le curé enseignèrent ces versets aux enfants de l’école biblique et qui étaient tous au club de rugby. Alors qu’en conseil municipal, tous bords confondus, on se demandait s’il ne fallait pas graver ces versets aux frontons de la mairie, de l'église, du temple et du stade. Et à chaque match, nous nous appliquions à mettre en œuvre l’enseignement reçu. Je me suis aussi rendu compte que nos adversaires semblaient avoir reçu le même enseignement. Même pour ceux qui avaient une croyance ou un dieu différent du nôtre, j’ai pris alors assez vite conscience que ce message était universel.

Quoi qu’il en soit, la parole de Dieu pour une cause commune permet de réunir, d’agréger plus loin que nos différences et nos adversités. Au-delà de mes petites réflexions, quand sur un stade se renouvelle la leçon de Matthieu 5.39 ou le miracle de Jean 6.1-16, le souvenir de mes pères me revient en mémoire et je me surprends à prier avec eux et pour eux.

Pascal Lalèque
Sète et Gorniès (Hérault)

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