Salon-de-Provence

Vitraux du temple en danger

01 février 2017

On y a lutté contre l’hérésie réformée, il a servi de prison… Le temple de Salon a toute une histoire. Aujourd’hui, il faut sauver ses vitraux, étranges dans ce lieu de culte, mais auxquels la communauté protestante s’est attachée.

12 avril 1867 : les Pénitents bleus de Salon inaugurent une chapelle dédiée à Notre-Dame des Douleurs, remplaçant celle détruite par la Révolution. Les Pénitents bleus, dont la mission était la lutte contre l’hérésie… réformée, y tiennent leur dernière réunion en 1910.

Utilisée comme salle de catéchisme jusqu’à la Libération, la chapelle sert alors de prison provisoire ! Fermée par mesure de sécurité, elle intéresse dès 1949 la communauté protestante qui cherche un lieu de culte de taille suffisante. Après Vatican II, l’Archevêché d’Aix-en-Provence accepte le transfert à la communauté. La dédicace du temple a lieu le 23 octobre 1966. La communauté devient propriétaire des lieux le 23 octobre 2011.

Vitraux « à personnage »

Chapelle catholique à l’origine, le temple possède onze vitraux, donnés par Madame Maupas. Ce don est lié à l’essor local des métiers autour de l’huile d’olive, des savons et du café. Trente ans plus tard, un riche négociant salonais donnera des vitraux à la collégiale. Les vitraux créés par le maître verrier avignonnais, Guilbert d’Annelle, élève d’Horace Vernet, forment un bel et rare ensemble homogène auquel la communauté est attachée, par les moments forts qu’elle a pu vivre dans le temple. Ils représentent Marie, Vierge de douleur, Joseph, Louis IX, patron des pénitents, Hélène (identificatrice de la Croix et mère de Constantin qui « légalisa » le christianisme), Julie (prénom de Mme Maupas ?), Bruno et Laurent symboles d’abandon des richesses de l’église, André et Jacques le majeur (évangélisateurs à l’est et à l’ouest), Victor, le bon soldat romain de Marseille, et frère Raymond, le dernier ermite de Salon.

Un signe d’ouverture

Dès le début de l’occupation des lieux par la communauté protestante, la question de la présence de ces vitraux à personnage se posa, comme le rappelait André Missemer en 1996, pour les 30 ans d’acquisition du temple par l’Église réformée.

Aujourd’hui, la communauté se considère comme dépositaire de cet élément du patrimoine salonais en danger. Elle souhaite ne pas le laisser se dégrader davantage. Leur réparation permettra de donner à ceux qui entrent dans ce temple un signe de tolérance et de vitalité de notre église.

En 2017, ils auront 150 ans : c’est la durée de vie estimée pour les plombs de vitraux. Des éléments sont cassés, certains même sont tombés, créant un risque pour les paroissiens. L’étanchéité des baies au vent n’est pas assurée, le chauffage est difficile. Les infiltrations d’eau peuvent s’accroître. Le Royaume de Dieu est un royaume de l’ouïe et non de la vue, nous dit Luther. Toutefois, le conseil presbytéral a décidé, après accord de la communauté, la remise en état de l’ensemble. Un petit groupe a pris son bâton de pèlerin pour trouver des artistes capables de restaurer ces vitraux, comme Frère Raymond ! Que de belles rencontres avec des passionné(e)s ! Le petit groupe a aussi cherché à limiter les risques de chute de verre en protection des fidèles.

L’aide de tous

Pour le financement, le député qui a déjà permis des travaux de mise en sécurité, la Ville de Salon, le Conseil départemental des Bouches du Rhône ont apporté leur soutien. Une souscription sera ouverte auprès de la Fondation du Patrimoine. Le support de la « commission régionale immobilier en Pacca » (CRI) a été demandé. Chacun peut aussi directement aider à ce projet en envoyant un don à l’Association cultuelle de l’Église protestante unie du Pays salonais 256, Avenue Paul Bourret – 13 300 Salon-de-Provence (en précisant « Vitraux »). Votre générosité donne lieu à une réduction d’impôts correspondant à 66 % de votre participation.

Une année favorable !

Mais vite ! Objectif : des vitraux restaurés en septembre 2017, pour célébrer les 150 ans du bâtiment, les 50 ans du temple, et les 500 ans de l’affichage des thèses de Wittenberg.

Marc BROCARD
association « Chemins et Patrimoine », Salon-de-Provence

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