Pinocchio

Un film de Matteo Garrone. sortie 2019, 2h05.

01 septembre 2020

Qui ne connaît pas Les Aventures de Pinocchio, conte grinçant pour enfants, écrit en 1881 par Carlo Collodi ?

Ce pantin de bois, qui parle, rit et pleure, joue de vilains tours à Geppetto, son père adoptif, un pauvre menuisier qui l’a par hasard tiré d’une bûche de bois à brûler. Une traversée initiatique de l’enfance l’attend, jalonnée de personnages et d’animaux fantastiques, tandis qu’une fée bleue le protège et que son nez s’allonge à chacun de ses mensonges. En fuite vers le Pays des jouets, il devient un âne et, jeté à la mer, est avalé par un gros poisson. Dans son ventre il retrouvera Geppetto parti à sa recherche, se mettra enfin à étudier, et se transformera en un véritable petit garçon.

 

Après les nombreuses adaptations à l’écran de Pinocchio depuis le Disney de 1940 – dont le film très réussi de Comencini en 1975 –, le réalisateur de la fresque baroque Tales of Tale, qui se dit accompagné, lui et ses films, par le pantin depuis toujours, prétend à son tour relever le défi de surprendre ceux qui pensent connaître cette histoire. En se tenant très près du texte, et des dessins du premier illustrateur, Mazzanti, il la raconte de manière inédite, soucieux d’éclairer une « grande histoire damour entre un père et un fils ».

 

Federico Ielapi, huit ans, un petit garçon fort et audacieux, est avec passion et talent un Pinocchio curieux et attachant. Roberto Benigni, dans un de ses meilleurs rôles, incarne de façon sobre et touchante, avec son sens de la comédie et de la fantaisie, un Geppetto rêveur sorti de son village, bouleversant d’humanité et de simplicité. La surprenante présence de deux fées bleues – une petite sœur, fantomatique au début, qui devient ensuite une sorte de mère à la beauté éthérée, mais ambiguë – ne trahit pas le texte.

 

La splendeur intemporelle des campagnes de la région de Sienne est le cadre rêvé des tribulations de Pinocchio, plongé dans le monde à la fois réel et imaginaire de l’Italie paysanne et pauvre de la fin du XIXe siècle, que des jeux d’ombre et de lumière et une palette désaturée excellent à dépeindre. Épisodes dramatiques et éléments de commedia dell’arte se succèdent, faisant alterner efficacement réalisme parfois cru et féerie baroque.

Jean-Michel Zucker
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