Surdités
En ces temps de dialogues multiples et agités, on peut avoir l’impression de dialogues de sourds.
Ce que nous voyons depuis quatre mois donne à certains le sentiment d’un grand chambardement destructif pour pas grand-chose, et à d’autres le sentiment d’impuissance de ceux qui crient dans le vide alors qu’ils savent que leur cause est juste. Au fond, tout se résume à une question d’écoute et surtout d’entente. Cela est le reflet de notre société d’aujourd’hui, celle du repli sur soi-même et du chacun pour soi. On écoute parfois, mais on entend rarement.
Ce qu’il faut d’abord, c’est accepter d’être interpellé, afin de pouvoir préparer une réponse. Pour répondre intelligemment, il faut se donner un temps de réflexion, d’écoute de ce que nous dit l’autre. Après tout, nous pouvons être d’accord sur ce qu’il nous dit, et alors nous sommes dans la fraternité.
Sinon, nous devons réfléchir à une réponse qui respecte la pensée de l’autre, qui ne la déforme pas pour mieux la démolir - une tentation permanente et très répandue.
Dans la fraternité
Cette écoute fraternelle, c’est l’essence même du protestantisme, mais aussi du christianisme, et nous l’oublions très souvent, aussi bien dans nos relations personnelles que dans nos Églises, dans nos conseils presbytéraux, régionaux ou nationaux, aussi bien que dans nos synodes. Sans parler des dialogues entre toutes ces entités et de la méfiance permanente qui y sévit… Alors, pas étonnant qu’un dialogue de sourds s’installe aussi entre une partie du peuple et ses instances gouvernantes, soupçonnées, à tort, de toutes les turpitudes !
Alain Millet,
Trésorier régional