Aumônerie aux armées

Plus que jamais. nécessaire

01 décembre 2020

Le 9 décembre est la date anniversaire de l'adoption de la loi de séparation des Églises et de l'État. Une occasion de réaffirmer, dans le contexte actuel, le caractère essentiel de la mission des aumôniers

S’il devait exister une institution qui illustre une façon pacifiée et concrète de vivre la laïcité en France, l’aumônerie militaire serait un cas d’école. 300 aumôniers des différents cultes assurent leur mission en fournissant le conseil, les sacrements ou l’accompagnement religieux, spirituel et moral. Et c’est bien là, au cœur des opérations, que l’aumônier militaire, femme ou homme de culte et officier spécialisé subordonné à sa hiérarchie, trouve la justification de son statut. Par sa vision originale, indépendante et institutionnelle à la fois, il est celui qui peut donner du sens à l’action du soldat en opération.

En opération
Rôle d’écoute et autorité de référence s’ajoutent aux exigences du culte dont il a la charge et permettent à l’aumônier militaire de soutenir l’âme de tous les soldats en opération. Cette mission est en somme une naturelle prolongation de ses attributions en métropole. Il importe d’aller plus loin et de lui confier la tâche de donner du sens à la mission.
Elle est l’apanage du soldat, sa raison d’être, sa finalité. Pourtant l’aumônier semble en être écarté, comme si celle-ci se déroulait dans une parenthèse temporelle à laquelle il n’a pas accès. Il est pourtant présent en opération, partout. Mais à l’heure de la mission, il semble s’interdire de prendre part à son déroulement, comme s’il existait un risque de compromission à s’impliquer dans l’action.
Or il y a toute sa place. Comme militaire et comme pasteur, si son action ne peut s’inscrire dans la furie des combats, c’est bien dans leur préparation et dans leur lecture que son action pourrait être déterminante.
Soutien des âmes et soutien de la mission, l’aumônier voit son rôle essentiel en opération, sous-tendu par une formation à l’éthique.
Largement affecté par le rationalisme, l’efficacité au moindre coût, l’exercice du métier des armes ne porte pas le soldat à se pencher sur le sens moral de son exécution. Les aumôniers pourraient contribuer à la formation morale des jeunes cadres. Elle pourrait enfin s’investir au niveau politico-militaire, faire valoir son opinion sur la justesse de l’engagement armé. Une conscience formée et des repères éthiques clairs restent sans doute une base solide pour une appréciation intelligente des règles de droit et leur application courageuse. Il s’agit là d’une mission essentielle et préalable, en vue, notamment, d’affronter les violences du monde et de légitimer l’action militaire au service de la paix.

Le défi religieux
Les armées vivent un paradoxe. Si la dilution du fait religieux ne semble que le fait de la vieille Europe, les théâtres dans lesquels elles mènent leurs opérations sont quant à eux marqués par une influence importante des religions. L’aumônerie militaire y trouve un rôle majeur et sa contribution, en donnant sens à l’action, bénéficie directement à la capacité opérationnelle des soldats. Ce rôle pourrait s’affirmer en prenant à son compte, de la formation au conseil, le nécessaire crédit moral que revêtent les actions qu’ils mènent.

Riche de sa diversité et garante d’une pluralité de conscience, l’aumônerie militaire trouve là un défi à la hauteur de ses capacités.

Jacques-André Bonini
Aumônier régional

 

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