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Provence-Alpes-Corse-Côte d’Azur

Pierre et Hélène Gagnier

01 avril 2022

Le 1er mai prochain, le Centre Protestant de Rencontre de Nice prendra le nom de Centre Pierre et Hélène Gagnier, Justes parmi les Nations.

 

 

 

L’EPU Nice–Saint-Esprit a toujours gardé du pasteur Pierre Gagnier et son épouse Hélène, née Aubanel, un souvenir présent dans chacun de ses choix, ses actions, et transmis à notre génération.

 

Sauvetages

En 1943, le couple Gagnier est à Nice depuis deux ans lorsque les troupes italiennes se retirent et laissent place à l’occupation allemande et Alois Brunner, commandant du camp de Drancy. Venus nombreux à Nice, jusque-là épargnée par le nazisme et par la collaboration française, 2500 Juifs sont déportés en l’espace de trois mois. Peu sont revenus. Très vite, le réseau Marcel s’organise autour de Moussa Abadi et Odette Rosenstock. 527 enfants purent être sauvés. Avec le pasteur baptiste Edmond Évrard et Mgr Rémond, Pierre et Hélène Gagnier prendront des risques en fédérant les institutions et les familles des paroisses prêtes à cacher des enfants.

Malgré l’opposition de certains conseillers presbytéraux, ils organisent des caches et l’évacuation vers l’arrière-pays et à Sauve, dans la maison familiale Aubanel, fournissant de faux certificats de baptême, installant, avec la Cimade, une imprimerie dans le presbytère pour fabriquer de faux papiers, et intégrant des Juifs parmi les Routiers. À la Kommandantur, le pasteur manifesta plusieurs fois son indignation, jusqu’à demander à un employé français aux questions juives s’il n’avait pas honte.

Hélène et Pierre Gagnier, à Nice (© DR)

 

Une mémoire en partage

Il créa l’Entraide protestante de Nice pour venir en aide aux réfugiés, qui demeure aujourd’hui la diaconie de notre Église. « Nous autres, chrétiens, ne devons rien raconter de ce que Dieu nous permit de faire pour nos prochains en détresse. C’était une faveur pour nous de pouvoir agir et lutter contre cette force antichrétienne que fut le racisme allemand. » Pierre et Hélène Gagnier refusèrent tout honneur.

C’est pour faire vivre cette mémoire et ce qu’elle nous inspire que leurs enfants acceptèrent pour eux la Médaille des Justes en 2012. Aujourd’hui, notre Église demeure vigilante et reçoit cette mémoire en partage. Elle se souvient des victimes de la Shoah et manifeste sa reconnaissance à son pasteur et son épouse, à tous les anonymes, et à Dieu dont ils rendaient manifeste la présence au milieu de l’horreur.

Julien Giraud-Destefanis
président du conseil presbytéral Église protestante unie de Nice–Saint-Esprit

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