Edito

Par delà l'honneur et le déshonneur

01 janvier 2019

Il y avait les « gilets jaunes » et les « casseurs ».

Certains gilets ont cassé aussi – ce qui ne remet pas en cause les revendications formulées par la majorité des simples manifestants. Les deux catégories étaient parfois mêlées, comme à l’Arc de Triomphe, s’attaquant à un monument qui représente très solennellement les victoires, mais contient également la tombe du Soldat inconnu. On a invoqué « l’honneur » de la France, à cet endroit précisément. Comment les Français de la fin 2018 ont-ils entendu résonner ce mot ? Il y a une enquête à faire.

Au-delà de l’absence d’honneur de bandes armées et cagoulées, au-delà de l’analyse des objectifs des « gilets jaunes » ou des moyens mis en œuvre pour canaliser les débordements, reconnaissons qu’on n’a pas pu dire grand-chose sur les dénommés « casseurs ». Angle mort, zone d’ombre dans la vie ordinaire de la nation ? Zone géographique, sociale, politique ? Ou bien « moment » de la psychologie collective où se rejoignent des profils plus divers qu’on ne le pense ? Faut-il s’inquiéter plutôt des ultras (de gauche et de droite) ou des citoyens ordinaires transformés en révolutionnaires sans limites ? Ultimement, et sans l’excuser, cette violence qui cache son visage ne reflète-t-elle pas les violences visibles et invisibles, innombrables, du monde que nous cautionnons tous les jours ? Elles aussi, nous avons à les nommer, les affronter, les apaiser.

Séverine Daudé
Rédactrice en chef d'Echanges

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