Marie Orcel
La secrétaire générale de l’Association protestante d’assistance de Nîmes (APA) a une mission nouvelle et importante. Permettre au service social protestant, à la fois, de garder et renforcer ses missions et en même temps de s’inscrire dans la société contemporaine. La volonté de Marie Orcel : continuer à accueillir les plus démunis dans les meilleures conditions possibles.
« Ici, une personne qui touche le RSA est riche », confie Marie Orcel. On comprend alors toute la complexité de son travail. Le principal moteur c’est la vocation d’accueillir des populations fluctuantes au gré des arrivées migratoires et des problèmes socio-économiques. Ce sont 5000 personnes accueillies par an, dont 1900 enfants. La réalité de notre société nous saute au visage.
En écoutant Marie, on comprend très vite qu’elle est très impliquée dans une association qui trouve ses origines en 1561, avec la création de la caisse des pauvres du consistoire de Nîmes. La pérennité de cette association est à la fois rassurante, mais surtout inquiétante.
En effet, en 500 ans rien n’a changé ou presque. La misère est toujours présente.
Gérer l’urgence
La mission principale de la nouvelle secrétaire générale est à la fois de gérer les différents services proposés par l’APA et les 132 bénévoles engagés au service des autres. Comment aider les personnes en situation d’urgence ? Manger, s’habiller, préparer les documents administratifs… et tout ça dans l’urgence ? Gérer l’APA, c’est accueillir ceux que l’État et la société rejettent. Des populations entières sont devenues invisibles, mais ce n’est pas sans difficulté. D’un côté, l’association est accusée de religiosité, en particulier par les services administratifs, et en plus elle cumule les défauts en accueillant ceux que l’état veut expulser.
Tout le combat de Marie Orcel est là, trouver les moyens financiers et humains pour maintenir l’association à flot.
Merci aux bénévoles
Marie ne cesse de les remercier pour leur engagement et leur disponibilité. Ces bénévoles sont particulièrement divers. À la fois des anciens qui connaissent l’institution et ses rouages, des jeunes nouveaux qui veulent apporter leur pierre à l’édifice et participer au changement du monde, et surtout des anciens accueillis qui mettent du temps à disposition. Ces derniers créent plus de liens avec les accueillis et sont de vrais compagnons pour les nouveaux. L’APA tente également de mener, depuis longtemps, un travail sur la population rom, mais avec quelques difficultés. Tout le travail des bénévoles consiste en l’écoute attentive des accueillis. C’est ce qui permet de discerner leurs besoins fondamentaux. Un exemple parmi tant d’autres : cette écoute a permis de fournir des produits d’hygiène de première nécessité aux femmes et aux enfants.
En quête de moyens
Le nerf de la guerre reste l’argent. Et pour Marie, il est essentiel de trouver des revenus pour continuer sa mission. Tout ce travail se fait en étroite collaboration avec le conseil d’administration et les autres salariés de l’association. Les fonds de l’APA ont quatre sources : les dons, les recettes propres, les legs et les subventions municipales, départementales et régionales. Mais, l’aide de l’État est constamment en baisse et les dons s’amenuisent lentement. En effet, le socle des donateurs est stable, mais de plus en plus vieillissant. Les nouvelles générations ne connaissent plus vraiment le don régulier. Il est plus facile de donner quelque chose plutôt que de l’argent.
Pour continuer la mission de l’APA, Marie et conseil d’administration ont décidé de faire entrer la vénérable association dans le xxie siècle et d’utiliser les nouveaux outils de communication. Un nouveau site internet va voir le jour très prochainement. Mais, c’est aussi l’utilisation des réseaux sociaux et l’organisation de gros événements qui font parler de l’APA. Ils cherchent ainsi à conquérir un nouveau public, celui des 30-60 ans, qui ont quitté l’engagement solidaire, mais qui devront prendre la relève. Cet immense travail de communication est réalisé pour transmettre l’envie de l’engagement et l’espérance dans un nouvel avenir.
Accueil inconditionnel
Une partie de la mission de Marie Orcel est de faire que l’association soit en bonne santé et soit bien gérée. À ce jour et depuis peu, les comptes sont à l’équilibre, les bénéfices pointent leur nez… C’est une association en plein renouveau qui va pouvoir avoir des projets.
Pour Marie, il est essentiel que son action à l’APA soit au cœur de la misère, mais surtout au cœur de la solidarité. « Tout tourne comme une entreprise, mais cela reste une grande famille », annonce-t-elle. Ici se vivent des moments de peine, mais surtout des moments de joie, tout se partage. « Il faut savoir être dans le monde et avec le monde, et vivre avec les autres. » Et, Marie de donner comme exemple la coupe du monde de football 2018 où tout le monde s’est retrouvé – accueillants et accueillis – pour une soirée mémorable, en oubliant pour un instant les lourds problèmes du quotidien.
Au fil de la visite organisée par Marie Orcel, il est impressionnant de découvrir les sourires de tous. Dans les salles de cours de français ou de cuisine, à l’épicerie sociale, à la friperie, dans les bureaux d’accueil et le hall. Tout le monde sourit ! Et pourtant chaque accueilli (ce jour-là, il y avait un couple âgé, mais aussi des jeunes parents avec leurs enfants qui ont préféré attendre au chaud dans le bâtiment en arrivant très en avance) porte un poids trop lourd pour lui. C’est ici à l’APA de Nîmes qu’il est écouté, aidé et accompagné pour se reconstruire. Dans une société où l’individualisme est devenu un modèle de vie, Marie Orcel et ses équipes montrent qu’un autre avenir est possible.
En savoir plus
L’APA en quelques dates
1561 Le 23 mars, le premier Consistoire est fondé à Nîmes. Il est alors composé de pasteurs, et de diacres. Du grec diaconos, qui signifie serviteur, les diacres sont principalement des avocats, des bourgeois et des marchands de la ville qui rendent visite aux pauvres des quartiers nîmois dont ils ont la responsabilité. Une caisse des pauvres est créée pour établir « l’état des pauvres de Nîmes ».
1586 Construction d’un hôpital protestant. Les médicaments sont fournis par les apothicaires nîmois.
1728 Les diacres nîmois réfugiés dans les Cévennes récoltent de l’argent pour les prisonnières de la Tour de Constance à Aigues-Mortes, dont Marie Durand.
1813 Ouverture d’un vestiaire.
1904 Le 22 décembre, le diaconat devient l’Association protestante d’assistance, association de solidarité laïque.
1921 Le Conseil d’administration de l’Association protestante d’assistance constate « qu’il ne faut pas secourir, mais relever ».
L’APA en quelques chiffres
5000 accueillis
dont 1900 enfants
1 conseil d’administration
Président : Christian Polge
2 salariés
132 bénévoles
1 adresse :
place de l’Oratoire à Nîmes
1 site internet :
www.apa30.fr
Vous voulez vous engager :
Tél. 04 66 58 25 27
Courriel : actionsociale@apa30.fr