Les enfants de King
On aurait pu passer à côté (après tout, c'est l'Amérique...), mais on s'est rattrapé. Et bien.
Martin Luther King nous aura rassasiés ces derniers mois : expos, conférences, films, articles n'en finissent pas de « raconter une histoire » (comme on dit...) qui n'est pas seulement une belle et forte histoire, mais aussi un motifde réflexion très dense pour aujourd'hui. Réécouter en anglais certains de ces discours, c'est s'exposer à être saisi par sa force prophétique. S'arrêter sur ses analyses, c'est découvrir un homme d'une rare profondeur et acuité. Ce qu'il dit sur l'engagement, le matérialisme, l'éducation ou la solidarité... n'a pas pris une ride.
Nous finissons donc l'année sur du lourd, avec un personnage que les photographes ont rarement pris en flagrant délit de sourire ! Et il n'y avait pas de quoi, dans les années 60, on doit le reconnaître.
Quelle résonance, lorsqu'on pense qu'une grande part du protestantisme français se vit aujourd'hui dans les banlieues des grandes villes, en Ile-de-France notamment, au travers de communautés « noires » importantes et dynamiques... Dans ces Églises, dont les membres sont le plus souvent modestes, voire précaires, le message de King peut encore vibrer. Il était dans tous les cœurs lorsqu'Obama a été élu - retournement magnifique de l'Histoire ! Il l'était, autrement, lorsqu'en 2009, à la faveur de la célébration des 500 ans de la Réforme à Noyon, ville de la jeunesse de Calvin, la cathédrale s'est remplie d'une foule de familles d'origine africaine venues en car des quatre coins de la région parisienne. Ce jour-là, nous avons fêté la Réforme en noir plus qu'en blanc... Cela dit que le protestantismefrançais, le nôtre, que nous ne connaissons que minoritaire, réunit maintenant d'autres profils, d'autres itinéraires, d'autres espoirs - en grand. Car il en porte, des espoirs, on peut en être sûr. Dans ces familles, en effet, il génère des ressources, du courage, des initiatives. Alors, les enfants français de King deviennent à leur tour notre espoir !
Et dire que je voulais vous parler de votre journal, de sa nouvelle maquette et de sa reconfiguration, dès janvier ! Tant pis... Rendez-vous donc dans le nouvel Échanges !
Séverine Daudé
Rédactrice en chef
