Société

Le populisme, une menace pour la démocratie ?

01 avril 2017

Dans la campagne présidentielle, l’extrême droite prend une place de plus en plus importante. En jouant sur les angoisses, elle attire des votes de protestation. La démocratie y perd ses lettres de noblesse.

Le populisme est occupé à gripper la mécanique démocratique jusqu’à la rendre inopérante. Partout en Europe, l’extrême droite a le vent en poupe. Au-delà d’une simple constatation, « les partis populistes flattent le peuple dans ce qu’il a de moins bon », il est judicieux de s’interroger plus en profondeur sur les raisons du succès de ces partis. À mon avis, ce vote, avant d’être un vote xénophobe, est un vote de protestation et non pas un vote de conviction, quoiqu’en disent les dirigeants de ces partis qui savent eux très bien comment jouer sur les angoisses des gens.

C’est un vote qui envoie le même message que l’abstention : « tous pourris ». C’est cela qui est grave, car la démocratie est par définition le choix de l’alternance. Les citoyens déboussolés pensent que c’est le seul choix qui leur reste : le monde politique, du moins ceux qui ont exercé le pouvoir, est complètement discrédité. 

Une surdité sélective
Contrairement au Dieu de la Bible qui, lui, « a entendu les clameurs de son peuple » (Exode 3.7), nos dirigeants sont sourds. Ils n’écoutent pas assez les vraies doléances de la population précarisée par les jeux scandaleux des marchés financiers et les incohérences des politiques libérales. Se creuse alors un fossé entre une petite élite qui détient une majeure partie des rouages de la société et l’ensemble de la population. Dès lors, beaucoup de « petites gens » ont l’impression de n’être pas représentés dans les instances parlementaires. Parmi les élus, peu de femmes, peu de citoyens issus des classes défavorisées ou de l’immigration ou même des classes moyennes.

Un autre danger du populisme, c’est qu’il a besoin de boucs émissaires pour trouver des responsables aux situations indignes que vivent beaucoup de nos concitoyens : les immigrés, les demandeurs d’asile, les Roms et les Tziganes, les musulmans qui prient dans les rues et qui demandent des mosquées… 

Que faire ?
Il faut prendre le mal à la racine au lieu de courir après les partis d’extrême droite, sachant que l’électeur préfère toujours l’original à la copie. Identifions donc le terreau sur lequel grandissent ces partis et les raisons pour lesquelles des électeurs leur font confiance. Sans être un grand expert, il est assez facile de les décliner : la précarité croissante, le chômage qui en est souvent la cause, les inégalités qui se creusent, la corruption qui s’étale au grand jour, les injustices sociales toujours plus insupportables…

Mais qui aura le courage de prendre ces sujets à bras le corps pour y remédier de façon radicale ?

Jean-Marie DELCOURT
Saint-Jean-du-Gard

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