Cinéma

Le diable n’existe pas

08 décembre 2020

Ours d’or et Prix du jury œcuménique à Berlin, ce film montre, à travers l’histoire de quatre hommes chargés, au cours de leur service militaire, d’exécuter des condamnés à mort, dans quelles affres et quels dilemmes ils se débattent, de même que le lourd impact de leurs choix sur leurs relations avec leurs proches.

Après la sortie d’Un homme intègre, l’auteur avait été interdit de tournage en Iran puis condamné à un an de prison ferme et deux ans d’interdiction de sortie du territoire. Défiant ces contraintes, il récidive et décline, caché derrière la forme moins surveillée du court métrage, les implications éthiques de ce sujet tabou dans son pays. Se chargeant lui-même des scènes d’intérieur, il supervise celles d’extérieur tournées par ses assistants.

 

Le film plonge le spectateur dans une atmosphère étouffante de persécution politique et évoque les impasses des pistes de résistance à l’injonction de tuer son prochain. Heshmat est un père et un mari modèle, mais un homme trop paisible au visage impassible. Sa profession nocturne offre un certain confort à sa famille qui semble ignorante de la tâche qu’il accomplit. Pouya, plus agité, commence son service militaire en milieu carcéral. Il préférera se débarrasser du fardeau sur autrui et tout risquer pour garder sa conscience pure. Pour avoir accepté, Javad a obtenu trois jours de permission de l’armée pour rejoindre sa fiancée, qu’il veut demander officiellement en mariage. Ses projets seront bouleversés par le décès d’un ami cher dans la famille de celle-ci. Enfin Bahram, médecin interdit d’exercice, accueille sa nièce Darya, interprétée par la fille du réalisateur, qui vit depuis sa petite enfance en Allemagne. Il voudrait lui révéler le lourd secret qu’il cache depuis trop longtemps, et qui les concerne tous deux.

 

Si la peine de mort est le fil rouge qui relie ces quatre récits – quatre contes terrifiants –, chaque épisode s’inscrit dans un univers différent, avec des personnages dotés d’exigence morale qui réfléchissent à leur responsabilité individuelle et en assument les conséquences. Enfin l’auteur a clairement voulu souligner dans chacune de ces histoires l’influence des femmes sur leur environnement.

 

 

En savoir plus

Un film de Mohammad Rasoulof. Sortie le 2 décembre, 2h30.

 

Jean-Michel Zucker
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