L’espace d’un lit
Fin avril s’est tenue une rencontre au sein de l’Espace éthique de la Timone, à Marseille, sur le thème : « L’hospitalité au sein de l’hôpital ».
Le thème de la rencontre était abordé au travers de deux séries de photographies. Éric Naville, l'auteur de la première série, a déclaré avoir été frappé par le sourire et la bonne humeur des soignants assurant leur service parfois bien au-delà du cadre horaire : « Quand un patient va mal, on se pose avec lui, tant pis si l’on mange moins après » témoigne une infirmière.
Autant symboliquement que légalement, entrer dans la chambre d’un patient revient à pénétrer dans sa sphère privée. Le lit apparaît alors comme un vecteur d’hospitalité. Ce « plus petit espace d’intimité » a été présenté sous plusieurs angles par l'artiste Vanessa Lirus, qui souhaitait évoquer « la fragilité de la vie » dans ce lieu où le patient reste jusqu'à 24 h par jour. Le lit est le centre de la vie : on s'y repose, on y rêve, on y attend la visite d'un tiers... Le patient qui offre un coin de lit invite l’autre à un échange. L’hospitalité dépend alors de chacun, patient ou visiteur.
Accepter de s’assoir au niveau d’une personne alitée, et de ce fait vulnérable et dépendante, permet de rétablir l’équilibre d’une situation où le patient et l’intervenant construisent une relation de confiance. En tant que visiteuse, j'ai également pu expérimenter le bénéfice d'une proximité avec un patient, sur un même plan et en laissant la rencontre évoluer sans contrôler le temps.
Dans une société où tout semble mesuré, certaines rencontres sont de grands trésors. Au-delà du rôle supposé du malade et de celui du visiteur, du scénario de l'être vulnérable dépendant gratifié d'une visite, se joue une relation d'égal à égal, profonde et véritable, peut-être plus proche de celle enseignée par notre Seigneur.