L’écoute ou l’hospitalité du cœur

« La première hospitalité est celle de l’écoute, elle est la condition de toutes les autres hospitalités ». C’est par cette phrase de Jean-Louis Chrétien qu’Inge Ganzevoort a ouvert notre journée de formation sur le thème « Rencontrer – écouter – accompagner ».

Mon propos ici n’est pas de faire un reportage exhaustif sur cette journée, mais plutôt de dire ce qui m’a profondément touchée dans cette expérience et ce que j’en retire pour continuer mon chemin personnel. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Nous sommes tous sur un chemin qui se déroule au fur et à mesure de nos pas à la fois chancelants et pleins de l’énergie d’une espérance que nous partageons en Christ. Et sur ce chemin, l’écoute joue un rôle prépondérant car, sans elle, il n’y a pas d’hospitalité, c’est-à-dire pas d’accueil de l’autre dans notre propre maison intérieure.

À tour de rôle

L’idée force qu’Inge Ganzevoort a partagée avec nous est que l’écoute n’est pas innée, elle est réfléchie et passe par un abandon de soi et de beaucoup de choses que nous portons en nous, parfois même sans en avoir conscience. Pour éveiller cette conscience, nous avons été placés dans deux situations où il s’agissait d’être écouté soi-même.

Dans la première, nous avons partagé en petits groupes notre ressenti sur une expérience où nous-mêmes avions été écoutés, ce qui nous a permis d’identifier la reconnaissance, le sentiment d’exister et la confiance que cette rencontre unique a pu provoquer dans nos vies. La deuxième situation qui nous fut proposée a été de travailler en binôme, chaque personne devant à tour de rôle, dans un temps imparti, endosser le rôle de l’écouté en parlant d’un sujet qui tient à cœur ou d’une expérience, et le rôle de l’écoutant en essayant de reformuler ce que l’autre a voulu dire. Un travail très enrichissant, parce qu’il a nécessité d’observer en soi ce qui se passe dans la façon d’écouter et dans celle de percevoir l’écoute de l’autre.

Un « plus grand »

Tout cela m’a permis de prendre conscience qu’il faut que se creuse en nous une certaine vacuité pour que surgisse l’événement de la parole, celle de l’autre et celle du tout Autre qui peut venir habiter ce vide parce que, dans l’intimité de deux personnes qui parlent en vérité, se glisse toujours un plus grand, un excédent, quelque chose qui vient en plus et qui fait que, comme le dit Jean-Louis Chrétien, l’écoute est grosse d’éternité.