Judas and the Black Messiah
Un film de Shaka King. 2021.
C’est un film où la mort guette à chaque rendez-vous. Inspiré de faits réels, il retrace quelques épisodes de la lutte menée par le Black Panther Party, fondé en 1966, peu après l’assassinat de Malcolm X. L’action se situe après la mort de Martin Luther King en 1968. Lorsqu’on a approché l’histoire des droits civiques côté MLK, il faut découvrir l’autre face du combat et ce qu’il devient dans cette période précise.
Colère
Dans cette période de colère, les Noirs américains se sentent trahis par les autorités. La tension est extrême. Les Blacks Panthers ne sont pas seuls à être armés et organisés pour la lutte : contre la police blanche s’amplifie une guérilla où différentes factions s’opposent. Fred Hampton, leader des Blacks Panthers dans l’Illinois, attire peu à peu d’autres groupes pour créer un front commun de libération.
Ces combattants sont focalisés sur la destruction du capitalisme. Ils prêchent la révolution tout en agissant sur le terrain (repas pour les enfants démunis, etc.). Les réformes, dit Hampton, ne sont là que pour faire de meilleurs esclaves. Adultes et enfants apprennent donc les leçons du marxisme-léninisme. Peu à peu, le mouvement touche aussi les blancs pauvres et les Latino-Américains et devient international.
Un incroyable parcours
William O’Neal, un voleur de voitures peu concerné par la question des droits civiques, est recruté par le FBI qui veut infiltrer ces milieux. Le voyou vit désormais entre son « job » clandestin, qui l’expose à des représailles terribles, et une réelle implication dans le mouvement. L’étau se resserre autour de lui.
Trahisons, mort des camarades, présence forte des femmes dans la lutte et les sentiments… le chef Hampton est finalement assassiné en décembre 1969 dans un raid sans merci, à l’âge de 21 ans. C’est la fin d’une phase exaltée, le passage à d’autres vocations.
Le film se termine par un extrait de la seule interview que le personnage réel de O’Neal ait donnée sur son parcours, en 1990. Le soir même, il se suicide.
À voir en complément de la lecture de James. H. Cone - La théologie noire américaine de la libération, d’Henry Mottu (éd. Olivétan).