Aumôneries

Journée régionale des aumôneries à Lyon

01 avril 2023

Le 24 février une trentaine de personnes se sont retrouvées pour faire avancer le projet d’aumônerie régionale. Pas moins de cinq dénominations différentes étaient représentées. Plongée dans le quotidien de ces hommes et de ces femmes.

 

Ils sont originaires d’Églises, de professions, de lieux différents, mais ont tous une mission commune : le bien du patient ou du résident dans un soutien humain et spirituel tout en privilégiant les plus isolés. Une mission qui concerne les Églises, à mi-chemin entre partenariat, respect, fraternité, donnant la priorité aux patients visités.

L’aumônier a un poste clef, favorisant l’esprit d’équipe avec les auxiliaires, les accompagnant et mettant en valeur les ressources personnelles de chacun, veillant à la mise en place d’une démarche de compassion et de non-jugement de la personne visitée et organisant la formation initiale et continue de chacun.

Une trentaine de participants pour ce temps de formation. Un temps qui ne demande qu’à être renouvelé en 2024 (© Fabrice Dos Reis)

 

Un souci de formation

En Auvergne-Rhône-Alpes, le bureau régional se donne les moyens de construire une aumônerie résolument ouverte, parce que c’est tellement plus enrichissant ! Dans cet élan positif et constructif, place est laissée à la diversité et à l’implication des différentes Églises tout en mettant de côté les étiquettes ecclésiales.

Ainsi naissent des formations comme celle vécue à Lyon en février : un temps de rencontre et de partage pour tous ces aumôniers confrontés à une certaine solitude :

- « ça nous coupe de notre quotidien et ça nous permet de nous retrouver pour pouvoir se rappeler qu’on n’est pas seuls » ;

« après une journée comme ça, je me sens moins seule et je sais que je peux aussi compter sur les autres, leur passer un coup de fil si j’en ai besoin » ;

- « une chouette journée. Il y a dans notre région une bonne dynamique qui peu à peu s’installe et se consolide de façon efficace » ;

- « finalement, ce qui reste important c’est d’aller vers les autres, de se déplacer, de changer de point de vue. C’est l’objectif qui nous réunit et qui nous fait aussi revenir à l’essentiel avec ce verset : va avec la force que tu as ».

 

Des idées concrètes pour mieux vivre l’aumônerie ensemble

Un travail en groupe a permis d’émettre des propositions sur des points précis : des rencontres régulières pour partager les expériences, lourdes ou joyeuses, et mettre des mots sur les difficultés ; apprendre à écouter-parler–prier ensemble avant de visiter ; découvrir les lieux spirituels de l’équipe ; vivre des temps hors aumônerie, qui permettent aussi de se connaître, se raconter, partager nos différences, dire ce qui est essentiel pour nous.

Des questions ont été mises à jour : comment dire que notre visite est porteuse de l’Évangile ? Qu’est-ce que le témoignage de l’Église ? Comment est-il au centre de la mission ?

Des réponses ont été apportées : le témoignage passe par autre chose que la parole, comme le geste, la disponibilité, le don, l’écoute. Témoigner de l’amour de Dieu, c’est aimer les patients, être dans un échange authentique, sans jugement.

 

De multiples chantiers

Travailler en équipe : tisser des liens avec tous les partenaires ; se présenter au personnel soignant ; être à l’écoute ; faire le point une fois par an avec les pasteurs et les instances de l’Église ; présenter l’aumônerie au cours d’un culte. Et plus largement : visiter les Églises locales afin de rendre visible le travail de l’aumônerie ; former les pasteurs pour faire des visites avec des paroissiens ; demander à la FPF d’organiser une journée aumônerie ; rendre compte du travail de façon régulière.

Repenser les projets et activités d’Église au sein des EHPADs (culte, kermesse, temps convivial) ; impliquer les scouts pour rencontrer les résidents, fleurir les jardins ; inviter des responsables d’Églises aux réunions d’aumôneries ; dire que l’aumônerie porte des témoignages de rencontre avec la maladie, la fin de vie, mais bien plus avec l’humain, le don, la présence divine.

 

Témoignages

Pour comprendre un peu mieux la mission des aumôniers, leur mission auprès des patients, voici quelques témoignages qui nous immergent dans cette réalité si particulière.

« Chaque visite auprès d’un patient est comme une nouvelle aventure, car je ne sais souvent rien de la personne que je vais rencontrer. Je suis donc confrontée à des situations très différentes : accueil plus ou moins positif, tristesse, peur, solitude, espoir, guérison ou pas, souffrance, fatigue, fin de vie, personne non communicante, croyante ou non, révoltée, apaisée, présence de la famille ou d’amis. Bref, j’ai envie de dire bienvenue au club des humains, car ici tout est humain avant tout. Beaucoup traversent des moments très difficiles, sachant que la vie, leur vie, leur échappe. Être simplement présente pour les écouter avec bienveillance, recevoir ce que la personne a besoin de dire à ce moment précis de sa vie, et quand cela est possible pouvoir partager mon espérance, ma profonde conviction que chaque femme et homme a du prix aux yeux de Dieu, prier avec elle quand elle en fait la demande. Pour terminer, je dirais que chaque rencontre est une vraie richesse, une nouvelle leçon de vie, un clin d’œil de cet amour que l’on peut toujours donner simplement et sincèrement à l’autre, une petite pierre posée sur l’édifice de l’humanisation et de la dignité à protéger absolument à toutes les étapes de la vie. »

« Il a 20 ans, enfoui sous une couverture en neurologie. Il s’assied, content de pouvoir parler avec quelqu’un, m’invite à m’asseoir. Depuis 10 ans une maladie orpheline lui bloque périodiquement son circuit neurologique. Il vient alors pour un séjour de soins. Passionné de littérature, il veut être professeur de lettres et va passer son bac. Non, sa maladie ne le retarde pas, il ne veut pas se laisser gâcher la vie, l’avenir. Il lit un livre sur le soufisme ; musulman, il se retrouve dans leur sagesse et leur mystique. Une belle rencontre chargée de vie, d’espoir, d’une spiritualité de paix. »

Pascale Gheysen
Pour l’aumônerie protestante

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