Tribune

Je ne regarde pas la Coupe du monde de football

01 décembre 2022

La Coupe du monde de football a fait parler les médias. Faut-il la regarder, ou pas ? Droits humains, écologie et bien d’autres priorités sont bafoués. Voici la position d’un lecteur de nos journaux régionaux.

32, 210, 1.2, 220, 5 : ce sont les principaux chiffres de la Coupe du monde de football que je retiens. 32 équipes qualifiées sur 210. 1,2 million de fans. Pour un coût d'organisation de 220 millions de dollars. 5 milliards de téléspectateurs. Et le dernier : 6 500. Ce n'est malheureusement pas le nombre de buts de la Coupe du monde de football, mais le nombre d’ouvriers décédés.

 

En dehors de toute humanité

En 2010, les patrons de la Fédération internationale de football (FIFA), en attribuant à ce pays l’organisation de ce championnat, avaient-ils évalué les maux qui en découlent aujourd'hui ? La remise en question des lois du travail, le cahier des charges pour les support·ers·rices, l’effort énergétique demandé aux Européens alors que l’on découvre une aberration écologique avec la climatisation de lieux et de stades à ciel ouvert, les soupçons de corruption qui semblent peser sur de nombreux décideurs. Et dans tout ça, les maçons/ouvriers sont-ils invités à l’événement ?

Les supporters sont soumis à des règles exigeantes : pas de short, pas de torse nu, pas de tongs ; la consommation d'alcool se fait dans des zones spécifiques surveillées par les gardiens des lois coraniques. (Zone non Duty free, à la vue du prix de la pinte). Quant aux touristes pendant cette période de liesse sportive, ils ne peuvent s’adresser aux filles du pays qu’avec mille précautions au risque de l’étonnement des zélateurs, tels les disciples face à Jésus, parlant à la Samaritaine (Jean 4.27).

Est-ce que les stades seront aussi abandonnés que les écrans de télévision ?

(© Pexels/Pixabay)

 

Le règne de l’argent roi

Malgré ma passion pour le sport, je ne regarde pas la Coupe du monde de football 2022. Je ne regarde pas les joueurs sélectionnés pour l’équipe de France courir sur des champs d’or vert aux portes du désert. Je ne participerai pas avec eux, le 18 décembre, au Noël avant l'heure, si d’aventure ils viennent à soulever le graal de la FIFA. Je ne laisserai pas discourir pendant la trêve des confiseurs les cols blancs de la Fédération française de football (FFF) et leur président.

Depuis le 27 novembre, je n’allume pas ma télé et je ne participe pas à ce qui en général est un événement qui réunit les passionnés du monde entier et les supporters de l’équipe de France. Je ne veux pas non plus citer le nom de ce pays, j’aurai l’impression d’être complice. En bon protestant, je veux garder ma liberté de choisir et peut-être participer d’une façon ou d’une autre à une prise de conscience. Malheureusement, l’annonce des jeux asiatiques d’hiver en Arabie Saoudite ne présage pas encore d’une prise de conscience internationale dans un monde où l’argent prévaut sur la vie humaine.

 

Pour le coup, je me plonge dans la lecture de la croisade des Albigeois contre les Qathares, bien installé dans ma Qathèdre, en sirotant une Qarthagène ou en feuilletant mon mensuel protestant régional. Je révise mon Qatéchisme, pour ne pas être Qatalogué comme perdu dans mon désert (vous avez trouvé de quel pays il s’agit ?). En ce 18 décembre, je suis dans le désert depuis plus de 27 jours. « Désert protestant », cela va de soi !

Pascal Lalèque
Magazine Le Cep

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