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International

Israël-Palestine : Des chrétiens sous pression

22 août 2024

Du 16 au 20 juillet 2024, Emmanuelle Seyboldt, ainsi que Christian Albecker, président sortant de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine, ont rendu visite aux chrétiens d’Israël-Palestine. Échos d’un voyage bouleversant, à la première personne. 

Emmanuelle Seyboldt avec Simon Awad, responsable écologie et justice climatique de l’Église luthérienne de Jordanie et Terre sainte
Emmanuelle Seyboldt avec Simon Awad,
responsable écologie et justice climatique de l’Église luthérienne de Jordanie et Terre sainte

 

Je portais depuis longtemps dans ma prière la triste situation des habitants de ce bout de terre aride, entre Égypte et Jordanie. Parce que cette terre a été foulée par Jésus. Parce qu’elle est le décor de tant de récits bibliques, que j’ai l’impression de l’avoir visitée de nombreuses fois. Parce que la Bible m’invite à prendre soin des personnes qui souffrent, et que l’histoire protestante m’a rendue solidaire de tous les opprimés. Mais je n’y étais jamais allée. J’attendais que ses habitants y vivent en paix pour faire du tourisme biblique avec la conscience tranquille. 

 

Répondre aux appels 

Depuis la tragédie du 7 octobre dernier et l’horreur qui n’en finit pas, ma prière n’a pas cessé, mêlée à un sentiment d’impuissance de plus en plus lourd. Les chrétiens là-bas écrivaient, lançaient des appels à l’aide, mais que faire??  

Naît l’idée d’une rencontre en visio avec l’évêque de l’Église évangélique luthérienne de Jordanie et de Terre sainte (c’est le nom de cette Église). La rencontre «?en distanciel?» permet de recevoir de nouvelles informations. En fin de rencontre, nous demandons?: «?Que pouvons-nous faire pour vous???» La réponse fuse?: «?Venez nous voir. Ne nous laissez pas seuls.?» 

 

De nombreux traumatismes 

Durant trois jours, nos hôtes nous ont fait rencontrer les responsables de l’Église luthérienne, à Jérusalem, à Bethléem et dans les villages de Cisjordanie autour. Chaque personne nous a raconté les difficultés auxquelles elle est confrontée au quotidien. Le directeur du lycée Dar-El-Kalima raconte les parents qui ne peuvent plus payer les frais de l’école - ils ont perdu leur travail du fait de l’interdiction de se rendre à Jérusalem -, les enfants traumatisés par les descentes de police la nuit dans les villages, les attaques de colons sur le chemin de l’école, les check-points à franchir tous les jours pour arriver jusqu’à l’école. L’infirmerie ne désemplit pas, les jeunes présentent de nombreuses manifestations traumatiques (crises d’angoisse, impossibilité de s’alimenter…). Ils vivent l’incertitude permanente, la violence qui peut faire irruption à tout moment, les morts violentes sans raison et sans possibilité que justice soit faite. 

 

Une présence qui s’efface 

L’évêque explique aussi la pression du gouvernement israélien sur toutes les Églises, de diverses manières, pour que les chrétiens quittent Israël (expropriations, nouveaux impôts fonciers), le harcèlement quotidien (tracasseries administratives ubuesques, obligation de refaire tous les deux ans son titre de séjour, même pour les personnes nées en Palestine…). Cette politique porte ses fruits. La présence des chrétiens est en chute libre ces dernières années. Quand les jeunes partent à l’étranger pour des études supérieures, ils ne reviennent pas. Les responsables de l’Église luthérienne voient les paroisses se vider au fil des ans. 

Et pourtant, ces chrétiens sont le sel de la terre de Palestine. Ils forment les jeunes à la non-violence, au respect de la Création, à l’égalité homme-femme, aux arts et aux sciences. Leur témoignage est bouleversant de foi et d’espérance. Nous en sommes témoins. 

Emmanuelle Seyboldt
Présidente de l’Église protestante unie de France

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