Henry Masson : Pour une fraternité plus réelle
Président de la Cimade depuis juillet 2020, après y avoir été bénévole puis président de la région Ile-de-France, Henry Masson donnait en novembre une conférence d’information, mais surtout de conviction.
Henry Masson raconte qu’il s’était rendu, le matin même, au tribunal d’Aix avec les rescapés de l’Ocean Viking, « accueillis » à Toulon puis plongés dans un véritable chaos juridique. Un exemple parlant…
Devant nous, il déploie des chiffres sur le nombre d’étrangers en France et en Europe, sur les types de migration (étudiants, travail), sur les familles, en faible hausse… concluant : « Il n’y a pas de tsunami migratoire. »
Puis le président de la Cimade évoque la volonté du gouvernement de renforcer encore le cadre juridique, la polémique sur les OQTF (obligation de quitter le territoire français), le projet de créer plus de centres de rétention administrative… Il déplore « une politique migratoire limitée », alors qu’il sera difficile de changer le cours des événements internationaux.
Plus de douceur
Que faire, alors ? « Nous devons dénoncer les équations dangereuses au sujet des étrangers. Militer pour plus de douceur et contre tout projet de loi visant à réduire encore les délais, les droits. C’est inefficace, on le sait ; mais chaque ministre de l’Intérieur veut un projet de loi à son nom ! » En 2018, la Cimade a permis que la « fraternité » soit caractérisée comme principe constitutionnel. Encore faut-il qu’elle soit effective dans l’accueil. « La France, comme pays anciennement colonial, ou comme “pays des droits de l’homme”, ne peut pas oublier la fraternité ! »
Changer d’avis sur l’immigration
Question d’un ancien journaliste, Jean-Claude Escaffit : « Est-ce que, par rapport aux discours du Rassemblement national, on n’a pas perdu la bataille de l’opinion ? »
« Je ne peux pas être le président de la Cimade si je ne suis pas optimiste ! », répond Henry Masson. « Ensuite, je pense au texte de la Cananéenne : Jésus n’est pas d’accord avec elle au début, mais il change d’avis. Nous aussi avons le droit de changer ! La liberté d’installation, par exemple, est une vision utopique que tous ne partagent pas à la Cimade. Moi, je la défends car un jour viendra où cette terre, qui ne nous appartient pas, sera partagée avec tous, où la « frontière » n’aura plus de sens, où il n’y aura plus d’étrangers. »