Hedi, un vent de liberté (Inhebbek Hedi)
Hedi, jeune homme vivant toujours chez Baya sa mère, est fiancé à Khedija, jolie demoiselle bourgeoise comme lui. Presque aboulique, autant au travail (il vend des voitures, sans y croire) que dans sa vie privée, il accepte ce que sa mère choisit pour lui. Son seul intérêt : le dessin. Dès qu’il le peut, il griffonne des planches de BD qu’il ne montre à personne. Le hasard le met en présence de Rim, jeune femme pétulante, charmée par sa sincérité comme il l’est par la sienne, qui dans un tourbillon lui fait découvrir le goût de choisir, vouloir, oser.
Le parcours psychologique de Hedi « le calme » est le sujet principal de ce film modeste, mais riche. L’extrême réserve du protagoniste, qui parle rarement et peu, est soulignée par un fréquent cadrage de dos, sur la nuque. La vitalité de Rim et son indépendance, en vif contraste avec l’activisme de Baya tout modelé de conventions sociales, lui feront réaliser que son rêve de dessin peut devenir un projet de vie.
Ce récit nous fait aussi fréquenter une Tunisie paisible, bien loin du tumulte et des dangers par lesquels elle nous est généralement présentée. De Kairouan, ville conservatrice de l’intérieur (là vit la mère), à Mahdia la côtière, plus exposée au souffle du monde (là est Rim), les seuls signes des temps actuels seront, dans les propos, quelques allusions à la récente révolution anti-Ben Ali, et dans le paysage, les hôtels désertés d’un pays où les touristes ne se risquent plus guère. Dans cette conjoncture morose, le patron ne s’étonne pas que Hedi ne ramène aucun contrat, Rim s’en va travailler à l’étranger, Ahmed le frère aîné reste en France, et notre héros pense à y aller aussi.
Mais une fois conquise sa liberté par rapport aux traditions étouffantes, le choix final de Hedi formera un courageux point d’orgue au parallèle évident entre son combat et celui que le pays a engagé en 2011 et qui reste à poursuivre.