En cette demi-saison
Quelle joie première de sentir revenir un peu plus de lumière sur les jours !
La bascule est maintenant acquise, elle se renforce chaque soir, nous menant vers le resplendissant, vers l’éblouissant, vers l’accomplissement des boutons, bourgeons et toutes formes vivantes. Un réchauffement attendu… et positif !
Mais on le sait, chaleur et lumière arrivées trop tôt deviennent autant d’ennemies pour les petites pousses qu’elles ont encouragées. Ces deux grandes séductrices laissent naître et grandir ce qui demain sera peut-être découpé ou mordu à mort par la grêle et le givre.
C’est que l’hiver ne quitte pas si facilement le terrain.
Que faire, en cette cruelle demi-saison, des germes qui montent, des espérances qui s’élancent, des âmes qui s’emballent pour demain ? Les exposer ou les retenir ? Les livrer au danger ou les cacher en attendant une époque meilleure ? Chaque génération sociale porte son cimetière secret d’utopies. Chaque génération de croyants aussi, ses prophètes malheureux, ses mystiques embrasés puis refroidis, ses missionnaires zélés bientôt désenchantés… On n’en parle sûrement pas assez !
Cette part gratuitement offerte, nécessaire à tout renouvellement du monde, elle peut se perdre, être « sacrifiée ». Pourtant, il ne faut pas l’empêcher. On peut en être ou l’accompagner.