Victimes de la déportation

Deux sœurs racontent

01 juin 2021

Élior Lovichi, étudiant de 19 ans, donne son regard sur deux témoignages recueillis par Rémy Warnery1, qui est engagé dans l’aumônerie des prisons et l’Église d’Aubagne.

 

 

 

Il m’a été donné à lire Les Petites Juives de Kratzau, un témoignage poignant de deux « revenantes » des camps d’extermination et de travail nazis. 15 ans pour Lison, 19 pour Simone, deux jeunes filles condamnées à fuir, à se cacher, à endurer et à abandonner tout ce qu’elles ont, jusqu’à leur humanité. Deux jeunes filles qui, en l’espace d’un an, verront leur père fusillé contre un mur dans un village de Savoie, et leur mère et jeune frère arrachés à elles lorsqu’elles descendent du wagon sous l’effarante maxime « ARBEIT MACHT FREI ».

 

Tout coexiste

Avec pudeur et discrétion, Rémy Warnery mène un travail authentique et saisissant. Sans fioriture ni grandiloquence, un espace de libre parole est offert aux deux sœurs qui l’utilisent avec une sincérité touchante. C’est la force de ce livre, il n’est pas agréable à lire, mais il est nécessaire. On suit volontiers - mais les sourcils froncés - Simone et Lison Bloch dans leur récit de cette période douloureuse de leur vie et de l’Histoire : les épisodes de doutes, la violence, le désespoir, la faim, le froid, la mort, mais également la chaleur humaine, les rencontres, les anecdotes… tout coexiste.

 

Penser pour panser

Alors que le dimanche 25 avril était consacré à la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation, le devoir de mémoire s’impose, hier comme aujourd’hui. Il nous faut penser pour panser. Il nous faut nous souvenir des victimes comme des bourreaux, des Justes, des juifs, des communistes, des tziganes, des homosexuels, comme des SS et de la milice française. C’est notre devoir, notre fardeau face à l’obscurantisme et l’inqualifiable violence. Et si vous pensez que l’Histoire est dernière nous, renseignez-vous quant au génocide perpétré aujourd’hui par le Parti Communiste Chinois contre le peuple ouïghour.

Les petites juives de Kratzau, c’est un rendez-vous avec les témoins de la bêtise humaine et du paroxysme de l’horreur gouverné par l’ignorance.


Élior Lovichi

1. Les petites juives de Kratzau, Simone et Lison Bloch, conversations avec Rémy Warnery, Éditions Ampelos, 2021.

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