Aumônerie des prisons

Améliorer les systèmes judiciaire et carcéral

01 janvier 2021

Alain Sorba reprend ici une information parue dans L’Alsace du 5 novembre 2020, qui évoque des initiatives favorisant l’émergence de propositions pratiques et alternatives dans le domaine de la peine.

 

 

Souvent, dans ces colonnes, je vous fais part de l’avis critique que l’ensemble des aumôniers partagent sur le système carcéral. Appréciations parfois positives comme positions plus nuancées, voire contraires, sur l’ensemble du système carcéral. Mais, même si notre parole est fondée sur notre connaissance relativement intime de ce monde - malheureusement à part de la société -, elle n’a pas le même statut que celle des professionnels du monde carcéral etjudiciaire.
Or cette parole a été recueillie dans un livre qui vient de paraître : #PRISONS1

Un think tank
Jessica Vonderscher est magistrate et a exercé comme vice-procureure à Colmar. Après ses réquisitions, les prévenus étaient envoyés en prison et… « après il ne se passe plus rien », constate-t-elle. Ce qui la conduit à réfléchir sur notre système pénal. Elle prend alors l’initiative, en 2018, de créer avec d’autres un think tank, le collectif Walden : des conseillers pénitentiaires en insertion et probation, un juge d’application des peines, une avocate, des conseillers en formation à Pôle Emploi et à l’Afpa, des surveillants, une directrice des services pénitentiaires, des entrepreneurs, d’anciens détenus… un bel éventail d’acteurs concernés. Leur objectif : réfléchir ensemble au fonctionnement de la justice et rechercher des idées innovantes.

Le collectif organise alors des ateliers où chacun réfléchit à sa propre pratique en identifiant ce qui marche et ce qui ne fonctionne pas. Pour « sortir de la boîte » et alimenter leur réflexion, les membres du collectif sont aussi allé observer d’autres systèmes carcéraux dans différents pays voisins (Danemark, Suisse, Allemagne) qui connaissent des taux de récidive deux fois plus faibles que chez nous. Or dès son premier article, la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009 rappelle que l’exécution de la peine doit « … préparer l'insertion ou la réinsertion de la personne détenue afin de lui permettre de mener une vie responsable et de prévenir la commission de nouvelles infractions » ! La prison doit donc permettre la réinsertion et un taux de récidive élevé signe un échec.

70 propositions

C’est pourquoi la dernière partie du livre est consacrée aux 70 propositions que ce collectif de professionnels a élaborées. Parmi elles :

  • organiser des stages obligatoires en prison de 2 jours pour tous les magistrats tous les deux ans

  • permettre à tous les détenus de travailler, se former ou se soigner selon leurs besoins

  • mettre en place des régimes de détention différenciés selon l’évaluation faite de la personne

  • travailler les bases fondamentales de la vie en société, notamment au regard des savoir-être.

C’est une erreur de penser que l’incarcération suffit à protéger la société, le taux de récidive le prouve magistralement. Elle ne suffit pas non plus à réparer les victimes. Arriverons-nous un jour à faire société en prenant soin des victimes comme des auteurs d’infraction et de crime ?

 

  1. #PRISONS, sous la direction de Jessica Vonderscher, éd. Médiapop, 15 €.

 

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