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Concorde de Leuenberg : 50 ans de communion ecclésiale

28 février 2023

André Birmelé et Marcel Manoël * ont animé une table ronde à l’Institut protestant de théologie à Paris, le 27 janvier, autour des 50 ans de la Concorde de Leuenberg et des 10 ans de la création de l’Église protestante unie de France.

La signature le 16 mars 1973 de la Concorde de Leuenberg (Suisse) est la charte fondamentale qui établit et réalise l’unité de l’Église entre les traditions de la Réforme en Europe. Elle est le résultat de discussions entamées dès 1960, entre pasteurs et responsables d’Églises luthériennes et réformées en Europe. Il est reconnu que les différences doctrinales du 16e siècle portant sur la Sainte cène, entre luthéranisme et calvinisme, ont perdu de leur actualité et ne justifient plus la séparation de ces Églises. La Concorde précisait que les Églises ont le droit d’être différentes parce qu’elles font appel à une compréhension commune de l’Évangile. Cela semble simple, mais a de lourdes conséquences : depuis lors, un ministre luthérien peut prêcher depuis une chaire réformée ou un ministre français diriger une congrégation en Allemagne.

 

Autour de la table (de g. à dr.) : André Birmelé, Marcel Manoël, Emmanuelle Seyboldt, (© EPUdF)
Autour de la table (de g. à dr.) : André Birmelé, Marcel Manoël,
Emmanuelle Seyboldt, (© EPUdF)

 

Un accord historique

Ainsi cet accord historique a rendu possible la création de l’Église protestante unie de France avec l’unification de l’Église réformée de France et de l’Église évangélique luthérienne de France. Le premier synode national a eu lieu en mai 2013 à Lyon.

Dans un premier temps, la Concorde de Leuenberg a reçu en France un accueil mitigé, particulièrement de l’Église réformée de France. Les quatre Églises luthériennes et réformées de France l’ont ratifiée, mais sans lui donner une importance majeure dans un premier temps.

Elle a toutefois contribué au développement de la collaboration entre ces Églises, au sein du conseil permanent luthéro-réformé, dans les domaines de la formation permanente des ministres, de la catéchèse, de l’œcuménisme, du travail théologique. Devant les limites de cette collaboration, la recherche de recompositions unitaires du protestantisme français a repris, en tenant compte des acquis de Leuenberg : avec l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (2003) et le projet d’Église unie entre EELF (Église évangélique luthérienne de France) et ERF (dès 2007).

Vers une Église unie

La démarche « vers une Église unie » a été d’abord une démarche de reconnaissance : à partir de cet accord fondamental sur la prédication de l’Évangile et l’administration des sacrements, reconnu à la fois sur le principe (Leuenberg) et par la pratique (plein accueil mutuel dans chaque Église, échange de pasteurs…). En France, cette démarche d’approfondissement de la communion a été menée sur les plans théologique et ecclésiologique. Elle n’est pas passée par le préalable d’une déclaration de foi commune (écrite en 2017) après la constitution de l’EPUdF (2013), mais par la volonté des synodes nationaux d’exprimer une communion pleine et entière entre luthériens et réformés en France.

 

* André Birmelé est professeur honoraire de théologie systématique à la faculté de théologie protestante de Strasbourg et auteur du livre : La Concorde de Leuenberg 1973-2023, coédition du Cerf et Olivétan, janvier 2023. 25 €, 247 p.

Marcel Manoël est pasteur retraité de l’EPUdF et ancien président du conseil national de l’Église réformée de France.

 

Conférence 50 ans de la Concorde de Leuenberg - André Birmelé (première partie)

Conférence 50 ans de la Concorde de Leuenberg - Marcel Manoël (deuxième partie)

Table ronde 50 ans de la Concorde de Leuenberg - Institut Protestante de théologie

  • Avec André Birmelé, professeur émérite de théologie systématique à la faculté de théologie protestante de l'Université de Strasbourg et Marcel Manoël, pasteur de l'EPUdF, ancien président du Conseil national de l'Eglise réformée de France
  • Animée par Marc Boss et Pierre-Olivier Lechot

Daniel Cassou
Secrétaire national à la communication de l’EPUdF

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